
Martine Lavallée
Martine vous partage ses connaissances en matière de mieux-être global, ses réflexions et ses façons d'ajouter du zen dans le quotidien !
En fait, c’est une question qui me touche particulièrement parce que je me suis trouvée différente sur plusieurs points au cours de ma vie. Vouloir être « normale » m’a seulement amenée à être une personne que je ne suis pas et à être malheureuse. Heureusement, j’ai eu le courage de faire de mes différences, des forces. Tranquillement, j’ai cessé de faire les choses pour les autres et j’ai cessé de me comparer. Mais c’est un travail de tous les jours…
Qu'est-ce que la normalité ?
« Est-ce que c’est normal ? » est une question que j’entends souvent et dans différents contextes. Elle refait surface au cours de l’existence, que ce soit à propos de situations (« Je n’ai pas de libido ces temps-ci, est-ce que c’est normal ? »), de l’apparence physique (l’indice de masse corporelle ou IMC en est un exemple parfait, j’y reviendrai plus loin), de l’intelligence (pensez seulement aux tests de QI), des émotions (« Je suis en colère, est-ce normal ? »), de symptômes physiques (il m’était régulièrement demandé dans mon bureau de massothérapie si c’est normal d’avoir des tensions musculaires. « Est-ce qu’il y a d’autres gens qui ont autant de tensions que moi ? »).
Dans une situation conflictuelle, où deux êtres humains ne sont pas d’accord sur un sujet, il arrive souvent qu’on se retourne vers une troisième personne pour lui demander son avis. On cherche à savoir qui est correct et qui n’est pas correct. On cherche à savoir qui a raison et qui a tort, comme si deux opinions différentes ne pouvaient pas coexister. On cherche à avoir une certaine approbation, à être rassuré qu’on est normal, correct, adéquat ou du moins, qu’on n’est pas bizarre ! La majorité l’emporte et la normalité est créée, quand elle ne nous est pas simplement imposée. Sauf que…
« Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison. »
Bernard Werber
Normalité : un mot qui ne devrait pas exister
Selon le dictionnaire, la « norme » est un état habituel, conforme à la majorité des cas. Pour un objet fabriqué en usine, ça peut aller. Si on fabrique un jouet, on a besoin qu’il soit pareil aux autres et qu’il soit fonctionnel. Mais lorsqu’on attribue le terme « normal » aux êtres humains, ça n’a plus aucun sens. La « normalité », en parlant des êtres humains, est un concept abstrait qui a été inventé dans le but de se comparer aux autres. C’est un moyen de « s’évaluer », à savoir si on est mieux ou pire que notre voisin. C’est un moyen, pour un gouvernement ou une religion par exemples, de garder le contrôle sur une société soi-disant libre en valorisant les individus ayant le comportement souhaité. Dans ce dernier cas, la normalité est un outil de manipulation des masses.
La personne qui doute de sa normalité cherche l’approbation à l’extérieur d’elle. Elle se juge elle-même « d’anormale » et tente de se rassurer que ce n’est pas le cas en demandant l’avis d’une autre personne. Elle remet ainsi son estime d’elle-même dans les mains d’autrui. Comme si le jugement des autres était meilleur que le sien. Comme si les standards de la société déterminaient sa valeur en tant qu’individu.
Au contraire, la personne qui se juge supérieure parce qu’elle se situe « au-dessus de la moyenne » ou dans la « majorité » aura l’impression d’avoir une bonne estime d’elle-même. C’est un leurre. Cette personne met encore son estime personnelle dans quelque chose d’extérieur à elle. Cette comparaison à la hausse ne nourrit pas son estime, mais bien son ego. Que fera cette personne le jour où elle aura une opinion différente de la masse ? Si elle maintien son opinion, son estime risque de chuter à vitesse grand V parce que la comparaison ne sera plus à la hausse à ce moment, mais à la baisse. Si elle remet en question son jugement, par peur d’être rejetée entre autres, le fait de se rallier à la masse la rassurera probablement. Cependant, en faisant cela, elle se renie elle-même, elle se rejète elle-même. Elle met un masque et joue un rôle, celui de la bonne petite fille ou du bon petit garçon qui fait ce que ses parents lui ont dit de faire ou lui ont dit d’être.
Si l’estime que l’on se porte provient de l’intérieur, un échec ou un désaccord n’aura pas ou peu d’impact sur celle-ci puisque la personne sait qu’un échec ou une différence d’opinion ne change rien à sa valeur intrinsèque.
Qu'est-ce que ça change que ce soit normal ou pas ?
Normal ou pas, ce qui est, est tout simplement là. Ce n’est pas « normal » d’avoir un cancer, mais quand vous l’avez, il s’en fout lui que ça soit normal ou pas, il est simplement là, c’est ainsi. Même si la baisse de libido de la dame n’est pas « normale », ça ne change rien, elle n’a pas plus envie de sexe pour l’instant. C’est ainsi. Si mon client a des tensions lombaires, est-ce que de savoir que son voisin en a lui aussi va le soulager de ses douleurs ? Non. Il a des tensions parce que c’est ainsi. La personne qui est en colère va-t-elle l’être moins si on lui dit que c’est normal ? Je ne crois pas. Cela va seulement calmer son angoisse, pas sa colère. Et si on lui dit que ce n’est pas normal, cela risque de l’amplifier ou de lui causer un sentiment de culpabilité.
Ça sert à quoi de savoir si c’est normal ou pas alors ? Absolument à rien, ce n’est qu’anxiogène ! Ce n’est tout simplement pas la bonne question à se poser, car l’anxiété ainsi créée n’aidera en rien la situation présente, au contraire. Pendant qu’on s’inquiète de savoir si on est normal ou pas, on ne s’occupe pas de ce qui est là, devant nous. On ne s’occupe pas de ce qui est important. Pendant que la dame s’inquiète de sa baisse de libido, elle n’est pas entrain de se demander ce qui cause cela. Mon client, au lieu de perdre le temps qu’il a avec moi à se demander s’il est normal, pourrait me demander ce que je lui conseille pour se sentir mieux. La personne en colère pourrait chercher ce qui l’a mise en colère et remédier à la situation. Mais on a d’abord besoin d’être rassuré que c’est normal ce qu’on vit. D’être rassuré de ne pas être un énergumène qui tombe de la planète Mars et que personne ne peut comprendre. Il n’y a rien de normal et il n’y a rien qui ne l’est pas. Ce qui est, est. Point.
Le besoin sous la quête de la normalité
La quête de la normalité est simple : le besoin d’appartenance. L’être humain est un être social et le besoin d’être aimé est un besoin fondamental. Le problème, c’est que l’être humain fera tout pour combler ce besoin, y compris se dénaturer. Car si je ne suis pas aimé, je n’existe pas aux yeux des autres. Si je n’existe pas, c’est que je suis mort. La peur de mourir sous-tend toutes les peurs que nous nous sommes inventés parce que la peur est liée à la survie. La peur saine existe bel et bien pour nous sauver la vie, par exemple lors d’une rencontre avec un ours. Mais la peur ne fait pas la différence entre la peur d’un ours et la peur de ne pas être aimé. De la peur, c’est de la peur. Or, on ne risque pas de mourir de ne pas être aimé d’une personne. Seulement, le cerveau ne fait pas la différence. Voilà la peur malsaine. C’est la peur irréaliste à partir de laquelle on agit. Quand on agit à partir de la peur, on devient un mort-vivant.
La personne qui souhaite se situer dans la « normalité » se simplifie la vie en évitant la confrontation. Elle s’évite des critiques, des jugements et autres commentaires sur sa personne, tout dépendant de ce dont elle a peur. Bref, elle se tient loin des projecteurs qui pourraient révéler ses « défauts ». Elle ne veut pas exposer ses différences, ses opinions, car elle a peur de se sentir rejetée, par exemple. Elle se conditionne à être quelqu’un d’autre afin d’être aimée, afin d’avoir sa place au sein du groupe, afin d’être acceptée, afin d’exister aux yeux des autres. Ce chemin est une impasse parce qu’une personne ne peut pas exister aux yeux des autres si elle n’est pas elle-même. Ce n’est pas elle que les gens aiment, mais le personnage qu’elle a créé. Voyez-vous la nuance ? Ce chemin, quoique d’apparence confortable, est un cul-de-sac où l’épanouissement véritable est voué à l’échec et où le malheur est presqu’inévitable.
Dans les yeux des personnes « normales », la personne qui s’aime et qui sait s’affirmer, se choisir et prendre soin de ses besoins est souvent perçue comme égocentrique. La personne qui assume ses différences est souvent perçue comme bizarre. La quête de la normalité et de l’amour des autres amène les personnes concernées à tout « faire » et « être » pour plaire à l’autre. Elle est occupée à combler les besoins des autres. Elle s’attend à ce que d’autres devinent ses besoins, souvent en vain, ce qui amène une certaine frustration. Elle n’ose pas demander, elle ne voudrait pas déranger ! Alors, lorsqu’elle voit quelqu’un faire des demandes ou bien dire non, elle juge cette personne d’égoïste ou d’ingrate. Au contraire, ce n’est qu’une question de responsabilité. Une fois adulte, nous devenons responsables de nous-mêmes, nous devenons autonomes et choisissons pour nous. Il n’en revient qu’à nous de combler nos besoins. Le travail du parent est de mener son enfant vers cette capacité à l’autonomie. Il suffit d’observer la nature pour le constater. L’oiseau quitte son nid lorsqu’il sait voler, se nourrir et se défendre seul.
Mais quand, tout d’un coup, une personne commence à choisir pour elle et à dire non, cela bouscule son entourage. Tout d’un coup, cette personne n’est plus là pour combler les besoins de son entourage. L’entourage est alors frustré et plutôt que d’apprendre à combler ses propres besoins, il accuse d’égoïsme et d’ingratitude. Mais qui est égoïste ? Celui qui se prend en charge ou celui qui reproche à l’autre de ne pas prendre soin de lui ? Je vous laisse choisir…
Pour conclure
Sortir du cocon de la normalité et assumer ses différences est une quête chaotique, parsemée d’obstacles et de défis. Cependant, c’est la seule route qui mène à l’épanouissement. L’être humain qui revendique le droit d’exister tel qu’il est s’expose à la possibilité d’être rejeté. Il expose sa vulnérabilité. Il doit travailler ses peurs et arriver à accepter de ne pas être aimé de tous. Il doit accepter ses différences et s’aimer entièrement, ses parts lumineuses comme ses parts ombrageuses. C’est souvent la quête de toute une vie, même de plusieurs vies, selon vos croyances !
La liberté totale d’être soi, c’est quand tout ce que l’on dit et ce que l’on fait n’est pas engendré par la peur, notamment celle de ne pas être aimé et d’en mourir. La liberté totale d’être soi, c’est quand, au contraire, tout ce que l’on est est motivé par l’amour.
Je vous dis à bientôt et...
Santé-vous bien !
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